- La 4ème année d’internat de médecine générale a été adoptée par 49.3 et validée par le Conseil constitutionnel.
- Elle s’appliquera pour les étudiants qui commencent leur internat de Médecine Générale en novembre 2023.
- Le SRP-IMG est mobilisé au niveau local pour aider à définir les modalités pédagogiques de cette 4ème année. Une grande Enquête Pédagogie sera organisée au début de l’année pour recueillir les besoins et envies des internes pour cette année supplémentaire.
- La loi pour le financement de la sécurité sociale inclut également d’autres mesures comme l’accès direct aux IPA. Certaines dispositions initialement dans le projet de loi, comme celles concernant l’interdiction de l’intérim médical et l’obligation de la permanence des soins, ont été censurées par le Conseil constitutionnel et ne font donc pas partie de la loi définitive.
Cet article vient compléter et mettre à jour notre article précédent sur le PLFSS.
Le PLFSS (Projet de loi de financement de la sécurité sociale) est une loi de finances, votée tous les ans, qui permet de fixer le budget de la Sécurité Sociale. C'est dans ce projet de loi que le gouvernement a choisi d'inclure la 4ème année d'internat de médecine générale, mais aussi d'autres mesures comme l'expérimentation pendant 3 ans de l'accès direct des patients aux infirmiers en pratique avancée (IPA) ou l’accès gratuit et sans ordonnance à la contraception d’urgence (pilule du lendemain) pour toutes les femmes.
Le vote du texte cette année se produit dans un contexte particulier, car le parti présidentiel n'a pas de majorité absolue de députés à l'Assemblée Nationale. Il ne lui est donc pas possible de faire voter des lois sans l'approbation d'une partie des députés de l'opposition.
Cinq. C'est le nombre de 49.3 qui ont été déployés dans l'Assemblée Nationale pour faire adopter le texte du PLFSS contre l'avis de la majorité des députés et des sénateurs.
Le texte a ensuite été passé au crible par le Conseil Constitutionnel, qui a :
- Validé certains points de la loi
- ✅ La 4ème année d'internat de MG (article 37)
"Eu égard au nombre d'étudiants concernés par cette mesure dont la rémunération est assurée au moyen de crédits de l'assurance maladie, ces dispositions trouvent leur place dans une loi de financement de la sécurité sociale et ont été adoptées selon une procédure conforme à la Constitution."
- ✅ L'expérimentation d'accès direct aux IPA dans le cadre de structures d'exercice coordonné (article 40)
"Au regard de leur incidence sur les dépenses d'assurance maladie, ces dispositions trouvent leur place dans une loi de financement de la sécurité sociale et ont été adoptées selon une procédure conforme à la Constitution."
- Censuré d'autres parties de la loi
- ❌ l'interdiction de l'intérim médical en début de carrière (article 42)
"Ces dispositions, qui portent sur l'organisation de certaines professions et établissements de santé, n'ont pas d'effet ou ont un effet trop indirect sur les dépenses des régimes obligatoires de base ou des organismes concourant à leur financement. [...] Dès lors, elles ne trouvent pas leur place dans une loi de financement de la sécurité sociale. Elles sont donc contraires à la Constitution."
- ❌ l'organisation de la permanence des soins (article 39)
"L'article 39 prévoit que les chirurgiens-dentistes, les sages-femmes et les infirmiers ont vocation à concourir à la permanence des soins. Ces dispositions, qui portent sur l'organisation de certaines professions de santé, n'ont pas d'effet ou ont un effet trop indirect sur les dépenses des régimes obligatoires de base ou des organismes concourant à leur financement. Elles ne relèvent pas non plus des autres catégories mentionnées aux articles L.O. 111-3-6 à L.O. 111-3-8 du code de la sécurité sociale. Dès lors, elles ne trouvent pas leur place dans une loi de financement de la sécurité sociale. Elles sont donc contraires à la Constitution."
Le motif de censure est donc que ces dispositions n'ont pas de rapport direct avec le financement de la sécurité sociale, et ne peuvent donc pas être incluses dans un PLFSS. Ce motif n'a pas été retenu pour la 4ème année de médecine générale.
La loi a été promulguée le publiée au Journal officiel du
Source : vie-publique.fr
Le texte de la LFSS adoptée est disponible en version complète ici. Concernant la 4ème année, voici l'article de loi :
Ainsi, les seules informations dont nous disposons concernant la 4ème année sont :
- La 4ème année s’applique uniquement aux étudiants qui commencent leur première année d’internat en novembre 2023.
- ainsi, il n’y aura pas de 4ème année pour les internes plus avancés qui ne valident pas un semestre ou prennent une disponibilité.
- La 4ème année est effectuée en stage…
- sous un régime d’autonomie supervisée par un ou plusieurs praticiens,
- ces praticiens sont des maîtres de stage des universités (MSU) agréés, (et non des généralistes non formés à l’accueil d’interne)
- dans des lieux agréés en pratique ambulatoire dans lesquels exercent un ou plusieurs médecins généralistes (donc pas d’interne “seul” dans un désert médical, sans médecin thésé sur place)
- et en priorité dans les zones caractérisées par une offre de soins insuffisante ou par des difficultés dans l’accès aux soins
- sous un régime d’autonomie supervisée par un ou plusieurs praticiens,
- La rémunération des étudiants peut faire l’objet d’aménagements spécifiques tenant compte des conditions d’exercice de stage, lesquels sont déterminés par décret.
- A titre exceptionnel et par dérogation, un stage de 4ème année peut être réalisé en…
- milieu hospitalier
- ou extrahospitalier
La quatrième année sera obligatoire pour les nouveaux internes de médecine générale. De nombreux points restent à préciser par décret, mais les difficultés d'application sont déjà visibles à l'horizon. Les quatre principaux obstacles à surmonter seront :
- Recruter suffisamment de maitres de stage universitaires (MSU) pour encadrer les internes de 4ème année. Les Départements de Médecine Générale (DMG) éprouvent déjà des difficultés à trouver suffisamment de MSU pour encadrer 12 mois de stage ambulatoire (SN1 + SASPAS) malgré leurs efforts de recrutement. Ils auront 3 ans pour trouver des centaines de maitres de stage supplémentaires en Ile de France. Ce recrutement quantitatif à marche forcée devra se faire en garantissant également la qualité de l'encadrement et de la pédagogie.
- La formation universitaire de la 4ème devra répondre aux besoins des internes. Les DMG devront organiser un programme de cours adapté à des docteurs juniors. Les éventuelles formations dispensées devront être réfléchies pour les besoins spécifiques de jeunes professionnels de santé. Cette 4ème année doit être l'opportunité d'améliorer la formation facultaire des internes. Les obligations facultaires (traces, RSCA, GEP...) devront être adaptées, et ne pas constituer une charge démotivante pour de jeunes médecins qui, jusqu'à présent, pouvaient après 3 ans d'internat s'installer et exercer pleinement leur métier.
- La thèse. Si un statut de docteur junior est appliqué à la 4ème année, cela nécessitera pour les internes d'être thésés en 3 ans. Faute de soutenance de thèse dans ce délai, ils ne pourront débuter leur 4ème année et leur internat en sera rallongé. Or, actuellement, beaucoup d'internes ne sont pas thésés à la fin de la 3ème année. Les DMG devront dont redoubler d'effort pour accompagner les internes dans cet objectif. En particulier, la vigilance quant au respect des journées de formation personnelle devra être accrue.
- La rémunération. Les internes de médecine générale seront amenés à réaliser des consultations en autonomie lors de cette 4ème année. Leur rémunération devra être à la hauteur des responsabilités qu'on leur donne. Et ce d'autant plus que, sans cette réforme, ils auraient réalisé la même chose (des consultations de médecine générale !) mais en étant rémunérés à l'acte en tant que médecin exerçant pleinement son métier. L'allongement du statut d'interne ne doit pas aller de pair avec l'allongement d'une situation d'exploitation et de paiement dérisoire au regard du temps travaillé et des responsabilités assumées.
Le SRP-IMG est mobilisé au niveau local pour aider à définir les modalités pédagogiques de cette 4ème année. Une grande Enquête Pédagogie sera organisée au début de l'année pour recueillir les besoins et envies des internes pour cette année supplémentaire.
Pour une liste synthétique (et simple à lire !) des mesures de la LFSS 2023, vous pouvez consulter cet article de vie-publique.fr.